dimanche 3 mai 2009

Communiqué de la 9ème CNU : L’université et la recherche sont en lutte depuis trois mois; aujourd’hui elles sont plus que jamais en résistance.


Les délégués de la communauté universitaire et de la recherche représentant 64 établissements, réunis le 29 avril 2009 à la Sorbonne pour la neuvième réunion de la Coordination des Universités née le 22 janvier 2009 réaffirment leur solidarité et leur opposition déterminée aux projets du gouvernement.

Persistant dans son refus de réelles négociations, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a fait passer en force, pendant les vacances de printemps, les décrets sur le statut des enseignants-chercheurs, le CNU et le contrat doctoral unique. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait de même pour la réforme de la formation et du recrutement des enseignants des premier et second degrés. Le ministère s’est même opposé à la demande clairement formulée par la CPU concernant ce dernier point, au mépris des règles qu’il avait lui-même fixées concernant l’évaluation des maquettes par l’AERES. Ce déni des principes démocratiques nous renforce dans notre détermination.

Partout en Europe où ont été mises en place des réformes similaires dans le cadre du processus de Bologne (Italie, Grèce, Royaume-Uni, Allemagne, Autriche, Espagne…), ces dernières ont eu pour conséquence, à très court terme, des hausses massives de frais d’inscription, la précarisation des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, la disparition d’emplois techniques et administratifs, ainsi qu’une concurrence délétère entre les individus, les équipes et les établissements.

Nous réaffirmons que la crise actuelle que traversent l’université et la recherche tire son origine du Pacte pour la Recherche, de la loi LRU et de la Révision Générale des Politiques publiques. Pour cette raison, nous restons attachés à la plateforme de revendications dont tous les points sont liés et que nous avons maintes fois rappelée :

- Abrogation de la loi LRU et du pacte pour la Recherche.
- Retrait du projet de réforme de la formation et du recrutement des enseignants des premier et second degrés qui menace à très court terme le système public d’éducation
- Retrait du décret sur le statut des enseignants-chercheurs et le CNU
- Retrait du contrat doctoral unique
- Rétablissement des postes supprimés en 2009, mise en place d’un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires concernant l’ensemble de la communauté universitaire et résorption de la précarité.
- Opposition aux principes de dotation budgétaires (système SYMPA), qui mettent dès à présent en danger les filières technologiques universitaires (IUT, IUP, IUFM, etc…).
- Arrêt du démantèlement des organismes publics de recherche et réaffirmation de leur rôle d’opérateur de recherche
- Opposition aux mesures qui conduisent à la précarisation des étudiants (démantèlement du CROUS, augmentation prévisible des frais d’inscription, etc…)
Nous appelons à continuer la grève, à intensifier le mouvement et à :
- ne faire remonter aucune maquette de master de formation des enseignants actant la réforme actuelle et refuser de les appliquer si elles sont imposées par le ministère
- appeler au refus du vote des compétences élargies par les conseils d’administration des universités
- faire voter par les conseils centraux des motions contre l’application de la modulation de service et refuser le cas échéant les évaluations personnelles prévues dans ce cadre.
- Refuser la mise en place des entretiens professionnels d’évaluation des personnels BIATOSS.
- Mettre un terme aux processus d’externalisation et de précarisation des personnels, notamment BIATOSS.
- Refuser les chaires d’excellence
En défendant les universités et les organismes de recherche, nous ne défendons pas seulement les universitaires mais un idéal démocratique et laïc opposé à celui du gouvernement (droit à la connaissance pour tous, droit de choisir sa filière sans discrimination financière ni territoriale, droit de s’engager dans des études qui n’ont aucune rentabilité immédiate mais qui sont d’une valeur essentielle pour la société, liberté de la recherche et de l’enseignement). Nous refusons la logique de mise en concurrence des universités et des membres de la communauté universitaire, scientifique et éducative, implicite dans ces décrets, et nous réaffirmons les valeurs de coopération et de solidarité dont la recherche et l’enseignement se nourrissent.
Face à la menace que ce gouvernement fait peser sur ces principes fondateurs, nous appelons l’ensemble de la communauté universitaire, scientifique et éducative, ainsi que tous les citoyens, à défendre ces valeurs sans concession et à les promouvoir.
L’université française doit continuer à être le cadre de la démocratisation du savoir pour la formation de citoyens libres et responsables.
La CNU se félicite de l’unité réalisée dans la rue le 28 avec les collègues de la santé et des convergences à venir le 1er mai avec l’ensemble des secteurs
L’université et la recherche sont en lutte depuis trois mois ; aujourd’hui elles sont plus que jamais en résistance.

jeudi 9 avril 2009

Vent de fronde à Sciences Po

Une fois n'est pas coutume, lisez La Tribune :
http://www.latribune.fr/carrieres/formation/20090409trib000365489/vent-de-fronde-a-sciences-po.html

Théâtre en lutte !





















A la suite du mouvement social du 29 janvier, la mobilisation à l’IEP est née au sein des doctorants et chercheurs (OSC, CEVIPOF, CERI , « labo en lutte »), rejoints ensuite par les étudiants de 1er et 2ème cycle, tous fermement opposés aux réformes actuelles de l’enseignement supérieur. Depuis deux mois et demi, chaque semaine, des Assemblées Générales rassemblant entre 100 et 130 personnes ont permis la participation de Sciences Po à toutes les manifestations, l’envoi de délégués aux coordinations nationales étudiantes et la mise sur pied d’actions diverses.

Parmi elles, le comité Théâtre en lutte ! a monté la pièce de théâtre La soutenance de thèse de Madame Valérie Pécresse, écrite par le comité de mobilisation de Grenoble 3 (avec quelques ajouts et suppressions). L’ironie et le rire permettent de tourner en dérision l’esprit des réformes actuelles, inscrites dans une politique de casse de l’éducation, de la recherche et plus généralement du service public ; ainsi que la marchandisation du savoir et sa gestion managériale, inadaptée au temps long de la recherche. Sciences Po est déjà engagé dans cette voie, ce qui pourrait, à terme, se faire au détriment d’un enseignement indépendant et de qualité.

Malgré les aléas matériels dus à une administration méfiante à l’égard des « éléments extérieurs », nous avons joué, mardi 24 mars, la pièce, à l’extérieur… devant les portes de l’établissement, sous notre banderole « Fac 40 ». La représentation fut un succès : une centaine de spectateurs enthousiastes ont assisté à la pièce avant de partager le « pot de thèse ». La rue Saint-Guillaume a été, pour l’occasion, barrée, dans une ambiance militante et festive.

Nous allons rejouer la pièce, en intérieur ou en extérieur, dans d’autres universités : jeudi 9 avril, à 17h30, nous jouerons la soutenance à Paris 8, ce qui peut donner à réfléchir : cette fois-ci, ce n’est pas Paris 8 qui « envahit » Sciences Po mais une troupe de Sciences Po qui joue à Paris 8. Et s’ils défendaient les mêmes idées et notamment celle de faire converger les luttes, que la mobilisation vienne des universités, des écoles primaires ou des grandes écoles !

Le comité Théâtre en lutte !




vendredi 27 mars 2009

Appel de la Sorbonne : « Pourquoi nous ne céderons pas »








Appel de la Sorbonne du 26 mars 2009

Pourquoi nous ne céderons pas

Le 2 février a commencé une grève illimitée dans les universités françaises, faisant suite à un long mouvement de protestation contre les réformes du statut des enseignants-chercheurs, de la formation des maîtres et du contrat doctoral, contre les suppressions d’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche, la précarisation des personnels et le démantèlement des organismes de recherche.

Huit semaines de grève plus tard, notre détermination demeure intacte. Nos principales revendications n’ont pas été satisfaites. En refusant de prendre en compte les raisons du rejet massif de ces réformes, le gouvernement nourrit chaque jour un peu plus son discrédit et met en péril, par son obstination irraisonnée, la tenue du semestre. Seul le retrait des projets en cause, l’ouverture de négociations globales avec l’ensemble des acteurs sur les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche, accompagnées d’un plan de relance massif, permettront de sortir de la crise ouverte depuis des mois. Ce faisant, nous ne demandons pas l’impossible, mais simplement l’établissement des conditions minimales d’un dialogue démocratique sur l’avenir des universités françaises, de leurs personnels enseignants et BIATOSS, et de leurs étudiants.

Nous ne céderons pas. Nous appelons l’ensemble des personnels de l’enseignement primaire et secondaire et l’ensemble des citoyens, à se mobiliser avec nous pour défendre l’enseignement public de la maternelle à l’université, face au projet global de régression de l’éducation et des savoirs promu par le gouvernement.


jeudi 19 mars 2009

Lettre ouverte des représentants des doctorants à la direction

Messieurs les Directeurs,


Nous, représentants élus des doctorants au Conseil de l'Ecole doctorale de Sciences Po, déplorons le peu de cas qui est fait, dans notre établissement, de la recherche et de la formation à la recherche.

Le dialogue entre la direction et les représentants des doctorants est, semble-t-il, tenu pour inutile voire nuisible. Un courrier a été envoyé le 17 mars 2009 aux directeurs de thèse, leur enjoignant de faire soutenir avant le 31 décembre 2009 leurs doctorants de 3ème année et plus. L'obligation d'écrire une thèse en trois ans est imposée de manière RÉTROACTIVE (nous n'avons pas commencé nos thèses en ayant cet impérative à l'esprit) et ne tient compte qu'à la marge des situations individuelles. Cette mesure a été prise sans concertation aucune et dans le secret. Elle contredit les propos tenus aux représentants par la direction. Celle-ci utilise un langage choquant et tient les doctorants pour quantité négligeable, qualifiant ceux qui ont atteint ou dépassé leur 3ème année de "stock d'étudiants en difficulté" et de "charge". Opacité, mépris, violence verbale : telles sont les méthodes employées par la direction de l'Ecole doctorale.

Il convient de rappeler ce qui semble être une évidence : il n'existe pas d'école doctorale sans doctorants. Ceux-ci contribuent au rayonnement national et international de Sciences Po par leurs parutions, par leurs articles, par leurs participations à des colloques et par leurs enseignements, tant à l'IEP que dans d'autres universités.

La mobilisation nationale contre les réformes de l'université et de la recherche connaît un succès évident parmi les étudiants. Ils témoignent ainsi de leur attachement à la recherche en sciences humaines et sociales menées par les doctorants, par les chercheurs et par les enseignants chercheurs des divers laboratoires de Sciences Po.

Sciences Po a pour ambition de s'inscrire en tête des grands classements internationaux des universités. Pourtant, les enseignements à Sciences Po ne sont dispensés, dans leur très grande majorité, ni par des titulaires, ni par des universitaires. L'établissement aurait beaucoup à gagner d'une politique de recrutement privilégiant la titularisation d'universitaires, ne serait-ce qu'en permettant d'augmenter le nombre de publications par des chercheurs titulaires de Sciences Po, et d'améliorer ainsi sa place dans les classements internationaux.

Par ailleurs, la politique actuelle de recrutement des enseignants pénalise directement les jeunes docteurs de Sciences Po. En ne recrutant pas, ou très peu, de chercheurs et d'enseignants issus des universités françaises, Sciences Po se met de fait à l'écart de la communauté universitaire. Les doctorants sont les premiers à pâtir de cet isolement, l'université étant le débouché naturel des jeunes docteurs de Sciences Po.

Aussi nous, chercheurs formés à Sciences Po, sommes victimes de la singularisation croissante de Sciences Po sur la scène universitaire nationale et connaissons des problèmes toujours plus importants de recrutement, sans que l'établissement semble se soucier de notre avenir. A de nombreux égards, nous faisons figure de déclassés d'élite, paradoxalement désavantagés en termes de débouchés par rapport aux docteurs issus des autres établissements universitaires français.

C’est pourquoi nous demandons :

- Le retrait immédiat et sans conditions de la mesure rétroactive sur la durée des thèses ;

- Une politique de recrutement de Sciences Po, ouverte et ambitieuse : création de postes de maîtres de conférence, de chercheurs titulaires et d’ATER, ouverts à tous les candidats ;

- Une augmentation du nombre de financements de thèse ;

- Une concertation sur les débouchés des chercheurs formés à Sciences Po et le problème de leur recrutement dans l’enseignement supérieur et la recherche.


Nous demandons l’ouverture, enfin, d’un grand débat sur l’avenir de la recherche et des chercheurs à Sciences Po, qui associe l’ensemble des acteurs concernés.


Nous vous prions, Messieurs les Directeurs, de bien vouloir entendre le désarroi et la perplexité croissante qui monte dans les rangs de vos personnels et étudiants chercheurs.


Claire MARYNOWER

Jules NAUDET

Adrien FAUVE

Florent BONAVENTURE

Catherine HOEFFLER